Quand deux opposés se rencontrent} Sen-kun

Aujourd'hui était une belle journée. Enfin, belle... Tout est relatif en fait en prison. Le secteur G, c'était un lieu souterrain. La lumière du soleil, on ne la voyait pas vraiment. On voyait les journées défiler à chaque mouvement des aiguilles de l'horloge. Parfois, Rokuro trouvait que la vie ici bas devait ressembler à celle que menait les militaires japonais dans les sous-marins. En moins sanglant bien sûr. Et dans un espace plus restreint. Car mine de rien, le secteur G était plutôt vaste... Des couloirs sans fins, des portes un peu partout et de nombreuses intersections. Il lui avait fallut pas mal de temps au début pour réussir à s'y repérer, tout se ressemblant tellement... Et puis, depuis deux ans qu'il trimbalait sa carcasse ici, il s'y était fait. Il avait parfois quelques mises à jour à faire... Un nouvel arrivant, un détenu qui clamsait au cours d'un match ou lors de la punition, et c'était des cellules qui se retrouvait vides ou qui changeaient de propriétaires...

Rokuro s'était finalement bien acclimaté à sa vie. Il ne faisait pas grand'chose, se contentait de se lever le matin, d'allumer son ordinateur et de discuter de ci de là avec certaines personnes. Les combats sanguinaires, il n'y participait que rarement... D'une parce qu'il avait des « amis » bien placé qui lui évitaient ce genre de désagréments. D'autre part parce que franchement, il n'avait pas vraiment la carrure du gladiateur sanguinaire. Sa côte dans le Carnival Corpse n'était pas très haute. Il n'était pas très fort, combattait tout en stratégie, et ça ne plaisait pas vraiment. Ses attaques n'étaient ni grandioses, ni spectaculaires. Il n'avait pas de grande classe, ni de folie dérangeante. Alors on le mettait souvent de côté. Et ce régime lui allait parfaitement.

Ce matin, comme tous les matins ou presque, il avait fait la grasse matinée sous sa couette, se prélassant comme un bien-heureux. Une fois réveillé, il avait traînassé une bonne demi-heure sous les draps avant de sortir enfin de son lit, aussi réveillé que pouvait l'être une loque martienne.

Quelques heures plus tard, c'était un Rokuro propre, rassasié et des écouteurs visés aux oreilles qui sortait de sa chambre. Son éternel T-shirt noir sur le dos et ce fichu collier de métal autour du cou. Mais il ne faut pas trop se fier aux apparences. Si vous pensez que ce détenu là n'était qu'un ado immature qui se la coule douce, vous devrez revoir votre jugement. Car oui, il paresse au lit. Mais son disque dur fourmille de données en tout genre, protégées par un système de verrouillage digne du ministère de l'Intérieur. Certes son PC n'a pas d'accès à la Toile, mais les tableaux et les programmes y ont leurs places.

Entortillant le fil noir autour de son index, le jeune homme avançait d'un bon pas dans ces couloirs grisâtres, sachant pertinemment où il se rendait. Après tout, le lieu où il comptait aller poser son derrière pour les heures à venir était celui que les détenus retenait la plupart du temps le mieux. Un sourire s'accrocha le temps d'une seconde à ses lèvres alors qu'il pensait que la population du secteur G devait avoir une bonne descente.

Il bifurqua à gauche à l'intersection, laissant son regard glisser sur les deux gardes qui venaient dans l'autre sens. Quelques pas plus tard, il finit par pousser une porte semblable à tant d'autres, si ce n'était le panneau affichant sa fonction visé sur le battant. Il nota dans un coin de son esprit le nom de toutes les personnes présentes, réfléchissant rapidement quant à une présence incongrue ou inhabituelle. Ce n'était pas le cas, et Rokuro se dirigea vers Kosugi, s'asseyant sur un tabouret et s'accoudant au comptoir.

Des brèves salutations s'ensuivirent, au cours desquelles Rokuro s'empara d'une bouteille de Coca-Cola et la décapsula. Il y plongeait une paille colorée alors que celui qui tenait d'ordinaire le rôle de barman s'éloignait légèrement faire autre chose... Sirotant sa boisson, Rokuro se demanda un court instant à quoi il pourrait occuper son après-midi... La plupart des glandeurs venaient faire un tour dans le coin, aussi, il était rare que l'endroit soit vide de monde. Il trouverait bien de quoi passer le temps...

Encore une nouvelle journée qui démarrait au sein de Deadman Wonderland, une nouvelle journée sans grand projet, sans grande ambition… à part faire comme tout les jours. La vie devenait légèrement monotone, la seule chose qui pouvait un temps soit peu me procurer un réel amusement restait le Carnival Corpse… malheureusement on ne combat pas tous les jours… quel dommage. Pour passer le temps il n’y avait pas trente-six solutions différentes… il y en avait une très bien c’était dormir, mais passer mon temps à pioncer ça finissait très vite par me taper sur le système, on peu aussi faire le tour des couloirs du secteur G qui sont relativement grands, mais tout ce ressemble, c’est ennuyeux à mourir et quand ça fait 8 ans qu’on est enfermé ici on fini par les connaître par cœur tous ses couloirs gris et triste. Qu’est ce qu’on pouvait faire aussi… pas grand-chose en fait je me rends compte, mais rester inactif c’était une chose qu’il m’était physiquement et moralement impossible de faire. Alors moi pour passer le temps je m’entraine. Avec le temps j’ai fini par modifier ma chambre pour en faire une véritable salle d’entrainement, une tuerie !! Avec tout le nécessaire pour se faire un corps en béton, c’est toujours utile lors des combats et ça au moins c’était une activité qui avait le mérite de m’occuper.

Alors ce matin encore comme tous les matins, je m’étais attelé à mon entrainement quotidien. Chaque jour qui passait semblait rendre mes entrainements toujours plus faciles, je ne cessais d’augmenter le niveau à une vitesse impressionnante, me dépassant, me poussant jusqu’au bout de mes limites. Je voulais devenir plus fort, toujours plus fort, devenir invincible pour ne plus jamais perdre un seul combat ! Ma défaite contre le pivert m’avais suffisamment remonté contre moi-même, depuis je m’étais juré de ne plus jamais perdre un seul combat, alors je m’entrainais comme un forcené, jusqu’à épuisement total, je devais repousser ces même limites qui m’avais mit en désavantage face à Ganta et à chaque nouveaux entrainement j’avais l’impression de me rapprocher de plus en plus d’un but qui pourtant ne cessait de s’éloigner.

Cela faisait maintenant quelques heures que je suais sang et eau à m’entrainer… et à bout de force je laissais finalement tomber mes altères sur le sol en poussant un long soupir. Je restais fixe, le regard fixer dans le vide en haletant… une bonne chose de faite ! Le sourire aux lèvres et satisfait de mes efforts pour aujourd’hui, je me dirigeais vers la minuscule pièce qui me servait de salle de bain pour prendre une douche. Une fois tout le bordel cosmétique réglé je retourne dans la chambre ou je m’assoie sur mon lit… qu’est ce que je vais bien pouvoir faire maintenant… une seule idée me viens à l’esprit pour l’instant et je me décider à sortir de la cellule qui me sert de dortoir pour parcourir les couloirs du secteur G… voyons, c’est pas où déjà… je suis pas souvent allé là bas mais aujourd’hui j’ai bien envi d’un bon saké ! Alors je cherche, je marche, longtemps… qu’est ce que ça pouvait être monotone ces long couloirs. Finalement je parviens à destination… j’attends quelques secondes, je fixe la porte que je me décide enfin à pousser pour entrer dans le bar.

Il y a un monde fou, beaucoup trop presque… et en plus tous ces gens… je ne les connais pas vraiment… y en a… leur tête me dit quelque chose, mais c’est flou. Baah… je ne resterai pas longtemps juste le temps de me récompenser de mon entrainement et puis je retournerai dans ma chambre. Alors je m’approche du comptoir et je m’assis à côté d’un jeune brun. Mon regard se pose brièvement sur lui pour finalement se retourner vers le barman qui vient prendre ma commande… allez saké ! Saké ! Le barman me lance un regard perplexe et me fait non de la tête

-Quoi ?? Comment ça y en à plus ??

Raah… bar pourris !! Voila comment gâcher une journée qui avait à peu près bien commencé… pour une fois que je me bougeais pour venir jusqu’ici ce que je veux ça y est plus… bande de pochtron ! Y ont racketté tout le saké ! Bon tant pis… remonté et frustré, je rabats mon choix sur une bière japonaise. Le barman l’apporte en s’excusant toujours, mais c’est pas ces excuses qui m’apporteront du saké… idiot ! Je m’accoude alors en poussant un soupir de dépit tseuh… j’étais entrain de me dire que cette journée allé surement empirer de minutes en minutes… Je frappais de mon poing contre le bois du comptoir en toisant toute la salle de mon œil unique mais qu’est ce qu’ils ont tous à me fixer comme ça ? J’ai un truc bizarre ?

-Quoi ? Vous voulez ma photo ?

Assis sur son tabouret, le jeune homme cala ses pieds sur la barre en bois. Oui, effectivement, qu'allait-il bien pouvoir faire ? Regarder un film dans sa chambre aurait été une bonne idée... Sauf qu'il avait déjà vu au moins deux fois tout ceux qu'il avait en sa possession. Il faudrait qu'il renouvelle son stock sous peu... Ou qu'il s'arrange pour effectuer un échange avec un autre des détenus. Le bruit de la porte d'entrée lui fit instinctivement tourner la tête vers le nouveau, délaissant pour un court moment sa boisson. Le Corbeau. Individu phare du Carnival Corpse, taux de présence au bar égal à 10%, accro à la musculation. Sûrement pas le genre de personne à regarder des DVDs intéressants. Ça ne l’empêcha pas de tirer le tabouret situé à la droite de Rokuro et de poser son derrière dessus.

Suçotant sa paille du bout de lèvres, Rokuro se contente d'observer la scène, un léger sourire naissant au coin de sa bouche. La fin du saké semble créer une sorte d'énervement chez son camarade détenu. La tête de Kosugi à cet instant précis est assez risible.. De même que les excuses qu'il adresse au Corbeau. Après tout, Kosugi est un détenu comme les autres. Lui aussi participe au Carnival Corpse, lui aussi maîtrise sa branche de sang. Pourtant, lorsqu'il se tient derrière son comptoir, on dirait vraiment que barman est son véritable métier. A vrai dire, Rokuro se demande même un court moment si Senji ne l'aurait pas confondu avec un membre du personnel... Un banal détenu sans pouvoir. C'est même très plausible.

La bière japonaise fait son arrivée sur le comptoir alors que les activités de l'espace se sont quelques peu ralenties. Des regards coulent sur le deadman, des murmures s'élèvent. On s'interroge. Le coup de poing sur le comptoir n'arrange pas grand chose à cela il faut dire...

- Quoi ? Vous voulez ma photo ?

Gênés, la plupart se détournent et trouvent subitement une occupation fort intéressante qu'ils avaient jusqu'alors délaissée. Observant Senji du coin de l’œil, Rokuro avale une dernière gorgée avant d'abandonner sa bouteille encore à moitié remplie et de croiser les bras sur le comptoir.

- Faut dire qu'en même temps, on est pas vraiment habitués à ce que tu débarques ici, le Corbeau... Ça fait jaser, c'est normal.

Et après tout, c'est plus ou moins vrai. Si Rokuro se mettait au jardinage ou à la musculation du jour au lendemain, ça ferait peut être le même effet. Mais ce n'était pas vraiment dans ses intentions de toute manière. Les efforts physiques l'énervaient et il n'avait jamais apprécié les fleurs et autres plantes. Mais il exagérait peut être un peu. Avec 10%, il y avait une forte probabilité qu'au moins l'une des personnes présente ici ait déjà vu Senji-kun débarquer ici. Alors qu'aucun de pouvait se vanter d'avoir vu Rokuro rempoter un géranium...

Affichant un joli sourire où l'hypocrisie était parfaitement dissimulée, le jeune homme se tourna franchement vers son interlocuteur.

- Tu sais, tu ne devrais pas trop abuser de l'alcool. Quand on a perdu pas mal de sang, on est de 2 à 3 fois plus vite enivré.

Il n'avait jamais pu supporter cette boule de muscle. Le voir se donner en spectacle lors des combats retransmis dans les télé des cellules l'avait toujours amusé. Il s'y croyait vraiment. A croire qu'il prenait ça pour un jeu. Oui amusé...

Ce léger bourdonnement qui venait titiller mes oreilles ne tarda pas à prendre fin alors que je venais finalement de faire remarquer leur attitude aux autres clients du bar… non mais ! Qu’est ce qu’ils avaient tous à me fixer avec le regard dédaigneux… et en plus s’ils croyaient tous que je ne les entendais pas chuchoter dans mon dos y se foutaient tous le doigt dans l’œil mais jusqu’au coude ! J’étais peut être borgne, mais mon audition fonctionnait toujours très bien… j’avais bien l’habitude à ce que l’on raconte des conneries dans mon dos, mais qu’ils fassent ça quand je ne suis pas dans les alentours pour paraître un peu plus discret. Ou alors qu’ils parlent ! Des critiques j’en recevais à longueur de journées alors une de plus ou une de moins, c’est pas ça qui allait me faire péter les plombs. Bien que pour l’instant mon humeur ne me permettait pas vraiment de savoir ce qui pouvait bien se passer si une remarque me parvenait plus clairement.

Le silence revint donc et tout le monde retourna à ses occupations… enfin… super ! Non seulement je n’avais pas pu commander ce que je voulais, mais en plus j’avais carrément jeté un froid ! Bonjour l’ambiance… quel ennuis, mais quel ennuis. Accoudé au comptoir je sirotais ma bouteille en poussant de petits soupirs de mécontentement… plus vite j’aurais fini, plus vite je pourrais retourner à ma chambre pour y vaquer à mes occupations quotidiennes qui serait sans nulle doute milles fois plus intéressante que… que ça ! Ce calme plat et ses petits chuchotements. Maintenant que je m’étais bien fait remarquer il semblait que plus personne n’osait ouvrir franchement la bouche. Bande de poltrons ! Tss c’est pas ça qui allait me rendre de meilleure humeur. Foutu journée qui avait pourtant si bien commencé… pourquoi le destin continuait à s’acharner sur moi de cette façon ?

Finalement, le silence fut rompu par une voix à mes côté, je baissais mon œil dans la direction du possesseur de la voix en question. Un jeune garçon brun qu’il m’avait déjà semblé voir une fois ou deux mais sans vraiment y avoir fait attention. En tout cas, lui semblait me connaître mieux que moi je ne le connaissais… d’un certains côté ça ne m’étonnais pas vraiment, si ce gamin regardait de temps en tems l’émission du Carnival Corpse il devait bien savoir que j’y étais l’un des favoris. A la remarque de mon interlocuteur j’haussais les épaules, feignant d’ignorer… qu’est ce qu’il voulait bien dire par là ? Comment je devais la prendre cette remarque hein ? En réponse je poussais un bref soupir.

-tsseu… si quelqu’un à quelque chose à dire alors qu’il le dise franchement… pas besoin de se cacher…

C’est vrai quoi… un peu de franchise ça ne tue personne, j’veux bien que pour survivre il faut savoir connaître l’hypocrisie, mais j’ai toujours pensé que cette façon d’agir était le propre des lâches ou des faibles. Je n’avais pas l’habitude de venir dans ce bar ? C’était vrai pourtant… les trois quart des gens qui se trouvaient ici… je ne les avais même jamais vu… ou peut être bien une fois, mais on va dire que ma mémoire des visages ne fonctionnait que quand elle le voulait bien.

Lorsque le jeune homme m’adressa une nouvelle fois la parole alors que je continuais à vider ma bouteille, je le fixais de mon œil unique, le toisant du regard… quoi encore ? Qu’est ce que tu te permets de faire une remarque ? Je bois quand je le veux… déjà que je le faisais pas souvent, il allait pas non plus me gâcher mon plaisir… il était déjà suffisamment réduit à néant avec l’absence de Saké

-De quoi j’me mêle ? Et puis t’es qui pour me donner des conseils ?

Je fixais mon interlocuteur d’un regard presque « je-m’en-foutiste » parage entre le blaze et cette petite touche d’énervement qui me pris lorsque j’aperçu son sourire. Les clients avaient à nouveau fixé leur regard sur moi… ils semblaient presque étonné que je pose ma question, bah quoi, on peu pas non plus connaître tout le monde… et si j’avais déjà vu ce gamin au Carnival Corpse ça c’était sur… son nom m’avait échappé… il fallait dire que les combats qu’il menait était tout à fait différent des miens, d’autant plus qu’il ne combattait que très rarement. Je ne manquais aucune émission des tournois et pourtant je ne l’avais vraiment pas vu souvent. Je n’irais pas jusqu’à dire que je ne m’intéressais qu’aux brutes, mais lui… non… ca m’avais échappé.

C'était toujours amusant de voir des nouveaux venus. A vrai dire, Rokuro les classait en trois grandes catégories. Ceux qui tentent leur chance, mais qui sont clairement mal à l'aise et déphasé dans cet endroit. Ceux là étaient plus plus amusant à vrai-dire. Désorienté, ne sachant trop quoi faire, hésitant à commander un jus de fruit ou une boisson alcoolisée pour être bien vu, hésitant à adresser la parole à quiconque, se tortillant sur leurs sièges en jetant des coups d’œil à la ronde.

Et puis, il y avait le genre nouveau-je-m'adapte-vite-et-vous-me-reverrez-sûrement. Ceux là, c'était presque les moins intéressant dans cette phase de leur évolution. Ils avaient déjà fréquentés ce genre de lieux dans leur vie anté-carcérale, ils se liaient facilement et entretenait des conversations plus ou moins intellectuelles et intéressantes avec le barman avant d'aller papoter à droite à gauche puis se lancé dans une partie de billard. Avec eux, c'est l'après qui devenait intéressant.

Et puis, il y avait la catégorie dans laquelle il venait de classer le Corbeau. Celle des asociaux qui venait ici dans le seul but de se rafraîchir le gosier, ou qui s'étaient tout simplement perdus (car ça arrivait, les gens qui passaient la porte juste pour demander leurs chemins...) ou encore qui se posaient là sans parler juste pour observer quelque chose et faire passer le temps.

Interrompant ses soupirs, il jeta un coup d’œil à Rokuro lorsqu'il parla. Bon, rien de fabuleux. Senji s'enfonçait décidément dans sa catégorie de classement, voilà tout. Pas un mot, juste un haussement d'épaule. Chouette. On va aller loin avec tout ça, c'est moi qui vous le dit. Et puis, après un nouveau soupir (Senji ou l'homme-aux-mille-soupirs xD) il daigna dire le fond de sa pensée.

- Tsseu… Si quelqu’un à quelque chose à dire alors qu’il le dise franchement… Pas besoin de se cacher…

Un sourire ironique vint s'étaler sur les lèvres de Rokuro. A vrai dire, il doutait fortement qui quiconque ici - ah... En fait, quiconque ici sauf les fous du combat – ose faire remarquer quelque chose au Corbeau. D'une, il fait du sport, et ça se voit. Personnellement, Rokuro préférait fermer son caquet plutôt que de s'en prendre une dans la gueule. Parce que de deux, quand on voit le Corbeau dans les combats beeh, il fait pas dans la dentelle. Mais ça, ça n’empêchait pas Rokuro de quand même lancer ses petites phrases à deux balles.

- De quoi j’me mêle ? Et puis t’es qui pour me donner des conseils ?

- Conseil d'ami très cher, conseil d'ami...

Le joli petit sourire ironique de Rokuro se renforça. Alala, mine de rien, il aimait bien cette sensation de danger. Rester dans son coin à attendre que les choses se passent, ça n'avait jamais été son fort. Il lui fallait un peu d'adrénaline. Mais pas de cette montée de stress due au défoulement des combats. Non. Il lui fallait quelque chose de plus subtil, où il pouvait mettre ses capacités en jeu. C'était pour ça qu'il avait piraté le service du Gouvernement. Pour ça qu'il jouait la taupe au service du directeur de cette prison. Et sûrement aussi pour ça qu'il parlait au Corbeau.

Il lui avait demandé son nom et, vu que tout le monde ici le connaissait, ça avait paru bizarre. Bon, certes, il était là depuis plusieurs ans, mais il n'était pas le seul dans cette condition, et si les habitués du bar le connaissait, ce n'était pas vrai pour l'ensemble du secteur G. Aussi, il aspira une gorgée de son coca par la paille avant de le délaisser et de se retourner clairement vers Senji. Lui tendant la main droite, il déclara :

- Rokuro Bundo. Et je sais qui t'es, donc on va dire que ce n'est qu'une demi-présentation hein. Mais t'inquiète pas, je t'en tiens pas rigueur va !

Décidément, cette idée de venir squatter le bar… ca commençait à devenir franchement une idée à la con ! Non, oui, parce que… au début de la journée tout semblait se passer pas trop mal, mais depuis que j’ai foutu les pieds ici, j’ai l’impression qu’il ne m’arrive que des embrouilles ! On peu éventuellement souligner le fait que je n’étais certainement pas habitué à me retrouvé entouré d’autant de monde qui m’étais inconnu, mais quand même ! J’étais pas non plus un asocial… quoi ? Ca vous fait marrer ? Je traine quand même souvent avec Ganta non ? Et la bande de barjo avec qui il m’arrive de passer du temps y compte pour du beurre eux ? Ok ça n’arrivait pas tous les jours… ok je préférais tout de même rester seul plutôt que de m’intégrer aux groupes… mais bordel ça veut pas dire que je suis pas capable de tenir une conversation ou de rester tranquillement dans un bar sans me jeter sur la première personne qui va médire à mon sujet ! J’avais tellement l’habitude qu’on me chambre ou qu’on m’insulte par le passé… aujourd’hui, je ne vis plus qu’entouré d’hypocrite et de menteurs. Aah que ce que ça peut être chiant !

Heureusement… ou malheureusement au choix, il y avait dans ce bar quelqu’un qui ne semblait pas vouloir jouer la carte du silence radio et sauve qui peut ! Le jeune homme à mes côté contrairement à tout ses trouillards de tolards ne manquait pas une seconde de chercher la petite pique pour me foutre un peu plus en rogne que je ne l’étais déjà. Premièrement c’était le seul qui avait daigné m’adresser la parole même si c’était sur un ton parfaitement déplacé, et deuxièmement, il venait se mêler de ma consommation avec un conseil à la noix. « Conseil d’ami » ? Nan mais c’est quoi ces familiarités, t’as cru que j’étais ton pote ou quoi ? C’est vrai ça et en plus de ça, ce sourire qu’il arborait en me fixant ne me plaisais mais alors vraiment pas du tout. On aurait presque dit qu’il prenait un malin plaisir à me provoquer ! J’arquais un sourcil en le dévisageant du regard.

-Garde des conseils pour toi tu veux ?

Je reprenais tranquillement une gorger de ma bouteille sans prêter aucune attention à ce qu’il venait de me dire plus tôt. Il était pas encore venu le jour ou j’allais me saouler en public. Ce genre de truc ca peut être sympa à faire certes, mais tout seul dans ta chambre quand y a aucun témoin oculaire aux alentours pour faire savoir à tout le monde comment tu te comportes quand t’es bourré !

Finalement, l’inconnu me dévoila enfin son nom, Rokuro… ouai ca me disais vaguement quelque chose, mais j’allais pas commencer à me prendre la tête avec un prénom. Je l’avais surement entendu les rare fois ou je l’avais vu au carnival corps et c’est pour ça que je n’en avais pas gardé un très grand souvenir. Il m’avait également tendu la main comme lorsqu’on se présente à quelqu’un pour lui faire savoir qu’on est « enchanté de faire sa connaissance » enfin dans son cas je ne suis pas sur que le terme « enchanté » soit réellement de vigueur. Je regardais fixement la main tendu vers moi pendant quelques secondes d’hésitation, qu’est ce qui allait se passer si je la prenais ? Est-ce que finalement tout l’occupant du bar qui me fixait du coin de l’œil se rendrait enfin compte qu’en venant ici j’étais certainement pas venu pour foutre la merde et encore moins casser du deadman ? Dans le doute… on ne sait jamais, et puis vu qu’il me connaissait déjà, je n’avais pas besoin de me présenter à mon tour, mais ça façon de me dire qu’il ne m’en tiendrait pas rigueur me laissa sérieusement perplexe… c’était quoi ça ? De la provocation ? Décidément ce gamin était peut être bien plus intéressant qu’il n’y paraissait… en tout cas il s’aventurait doucement sur un terrain dangereux et tout porte à croire qu’il en était conscient. Il essai de se la jouer avec moi, il à quand même pas froid aux yeux. Pas mal. Je décidais finalement d’accepter sa poignée de main en tendant à mon tour ma main droite pour saisir la sienne.

-Ouai c’est ça…… Avais-je murmuré un sourire narquois au coin de mes lèvres

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